IA : Heureusement, il nous reste les livres !

IA : Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’en peux plus d’entendre parler d’ « Intelligence artificielle » à toutes les sauces ! Cela semble aujourd’hui le nouveau parangon élevé au rang d’idéal qui faciliterait soi-disant la vie de tout un chacun dans son univers personnel, social ou au travail… Et cela devient un tel oukase, que je ne compte plus le nombre de fois où il nous est donné d’assister à du grand n’importe quoi. 

Pas plus tard que cette semaine, lors d’un échange avec une jeune femme sur son environnement de travail, celle-ci m’expliquait, avec désolation, que sa Responsable d’agence écrivait ses mails, devis, documents en utilisant uniquement Chatgpt, avec pour argument : « Cela va plus vite »… Je ne vous raconte pas ma mine déconfite à l’écoute de ce témoignage face au constat, concernant cette même dame, de son incapacité à rédiger quoi que ce soit sans faire appel à ce que l’on nomme à mon avis à tort « Intelligence Artificielle ».

Comme vous savez que je suis une amoureuse des mots et de leurs sens, je pioche toujours dans les dictionnaires étymologiques pour en retirer leur substantifique moelle. Alors faisons un petit point sur ce que signifient réellement « Intelligence » et « Artificielle ».

Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales « intelligence » trouve son origine dans le terme latin « intelligere » qui signifie « comprendre » , c’est-à-dire, la faculté de faire des choix entre des informations. Quant à « artificiel », c’est un terme emprunté au latin « artificialis » qui veut dire « fait avec art, selon l’art ».

Je me pose donc deux questions :

• En quoi l’IA peut-elle être appelée « Intelligence » dans la mesure où elle n’est nullement en capacité de comprendre quoi que ce soit, se contentant d’aller piocher et restituer des informations sur le net en fonction d’algorithmes créés par des humains ? (Et demandons-nous de quelles sources proviennent ces informations…)
• En quoi peut-elle être assimilée à de l’art, à travers le terme « Artificielle » ? 

Pourtant, d’aucuns se targuent avec délectation d’utiliser désormais l’IA dans tous les domaines de leur vie, et s’enthousiasment de ce soi-disant « gain de temps ». Je me demande vraiment où va cette humanité qui a tant besoin de « gagner du temps », au risque de perdre ce qui fait son essence-même : sa conscience, sa capacité de langage et sa créativité.

Sans nier l’évidence de certains progrès scientifiques qui oeuvrent à une meilleure connaissance du vivant, en quoi, moi, en tant qu’être humain, ai-je besoin de gagner du temps ? Du temps pour quoi ? Pour effectuer plus vite mon travail et être plus productive ? Je dois aimer bien peu mes activités pour avoir nul élan pour l’authenticité dans mes communications ou dans les actes de ma vie, et penser que mes interactions sociales ne méritent pas que je prenne un temps de qualité pour rédiger mes messages.

Sans compter qu’il va devenir de plus en plus difficile, au vu des progrès de cette technologie, de distinguer le vrai du faux, l’authenticité créative de l’imposture virtuelle. Le risque est grand de voir se développer des générations d’êtres humains dans l’incapacité de s’exprimer, de nouer des relations sincères avec autrui, de prendre soin du vivant, d’être dans une écoute profonde de soi et des autres, de développer son potentiel créateur ou de prendre conscience que la source de toute chose en ce monde reste à jamais l’Amour.

Heureusement, il nous reste les livres !

Le cerveau ne faisant pas la différence entre réel et imaginaire, les livres nous offrent d’expérimenter de multiples vies, nourrissant inlassablement nos sphères émotionnelles, nos imaginaires, notre créativité, nos facultés d’empathie, notre compréhension du monde, notre approche du sacré de la vie. Tout cet univers du sensible auquel aucune IA au monde n’aura jamais accès et dont nous devons prendre le plus grand soin si nous ne voulons pas nous perdre. 

Tout le sens que je donne à la Bibliothérapie créative : permettre à tout un chacun de (re)découvrir la magie de l’énergie qui nous est donné de vibrer à travers la Littérature et plus généralement l’Art.